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Les femmes de Popenguine
Les femmes de Popenguine

Par Amadou Sène, Popenguine

Popenguine reste organisé selon des schémas sociaux encore très traditionnels, et la femme au sein de la société, est reléguée au second rang derrière l'homme. Mais les femmes détiennent en elles-mêmes un énorme potentiel de développement: qu´elles s´occupent de leurs familles et de leurs foyers, qu´elles fassent du commerce avec les touristes ou qu´elles cultivent la terre.

Le tradition fait partie de l’identité des individus qui se transmettent leur savoir et leur histoire de façon orale, et qui gardent de leurs racines animistes un profond respect de la Nature. Une Nature qui a toujours été et qui reste imprévisible et dont les hommes ont besion pour leurs activités économiques et leur survie.

La femme au sein de la société est reléguée au second rang derrière l’homme. Certaines règles de la société traditionnelle et religieuse lui commandent la soumission à l’homme, mais elle reste la principale conseillère de celui-ci. Elle est peu impliquée dans la gestion de la chose politique et absente des instances de décision, aussi bien au niveau villageois que familial. Néanmoins, c’est elle qui gère la famille, au sein de la concession, et qui assume parfois seule l’immense et l’indispensable tâche des travaux domestiques qui sont rythmés quotidiennement par trois principales corvées.
Ces corvées, fatigantes et usantes pour la femme, sont le pilage des céréales, le ramassage du bois et l’approvisionnement en eau :

La corvée du pilage
Dans l’ensemble du milieu rural la nourriture est à base de céréales (principalement du mil) que la femme doit transformer en produits comestibles par le pilage. Les céréales doivent d’abord être décortiquées, vannées, puis pilées. Plusieurs pilages sont nécessaires afin de séparer le grain du son, puis afin de transformer les grains en farine qui constitue la base des menus des Sérères avec le couscous et le mil. Le décorticage et le pilage peuvent être effectués mécaniquement par des machines, mais cela oblige les femmes à puiser sur les maigres ressources financières, si bien que souvent elles préfèrent s’astreindre à la corvée du pilage manuel au mortier.

La corvée de bois
Dans un milieu rural où les revenus des familles sont faibles et ne permettent pas de cuisiner régulièrement au gaz, la cuisine est principalement réalisée au bois ou au charbon de bois. La marmite est posée sur de grosses pierres, et le feu est entretenu par de longs rondins de bois qui se consument lentement. Ainsi, l’approvisionnement en bois de chauffage est indispensable au niveau de chaque concession. Cet approvisionnement est problématique pour les femmes et les oblige à parcourir de nombreux kilomètres (jusqu’à 10 kilomètres ou plus) pour s’en procurer, puis de ramener cette charge sur la tête à la concession. Lors de la saison sèche, cet approvisionnement est quotidien et la femme ramasse du bois une ou deux fois par semaine. Par contre, après le mois d’avril, elle va consacrer plusieurs après-midi de la semaine à effectuer des réserves de bois pour l’hivernage, car à cette saison, les travaux agricoles occupent à plein temps la population qui n’a pas le temps de sillonner la brousse à la recherche de bois.

La corvée d’eau
La femme est obligée de puiser de l’eau plusieurs fois par jour pour l’approvisionnement de son canari et la consommation de la famille. Le puits ou le forage restent des lieux privilégiés de rencontre. Ainsi la majorité des femmes font 4 à 6 voyages par jour et transportent sur leur tête des bassines en fer remplies de 10 à 20 litres d’eau sur des distances de 100 à 200 mètres et davantage. Le nombre de voyage augmente lorsqu’elles puisent de l’eau pour les animaux ou pour arroser un jardin de case.

La vie dur
Ces trois corvées quotidiennes de la femme sont très fatigantes. En effet, le pilage est une tâche très physique, que les femmes exécutent toute leur vie. Et les corvées d’eau et de bois leur demandent de porter des charges très lourdes sur la tête. Ces corvées sont indispensables au bon fonctionnement de la concession et à la vie de la famille, elles constituent, en quelque sorte, le pilier de la société. Cette trilogie est complétée quotidiennement par d’autres activités qui occupent la femme toute la journée. Les autres tâches et activités sont également répétitives d’un jour sur l’autre, mais elles sont aussi fonction de la saison, et la journée type varie en fonction de la saison sèche ou de la saison pluvieuse.

Le travail domestique de la femme, qui lui prend presque tout son temps, n’est pas considéré comme du travail. Il comprend bien sûr la longue transformation des aliments avec le pilage des céréales ; la corvée de bois et la corvée d’eau, mais aussi les activités de cueillette qui serviront à préparer les sauces des repas ; la cuisine ; le nettoyage des concessions (case et cours), des vêtements ; l’éducation des enfants ; toutes les petites activités de commerce où la femme va pouvoir gagner un peu d’argent pour la famille, et enfin les activités agricoles, ou encore maraîchères. Ces travaux domestiques et agricoles sont essentiels, et sans eux, la communauté ne pourrait vivre. Pourtant ils sont très pénibles et ne sont que rarement allégés ou facilités par des aides techniques.

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